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Victoires 2021 : retour sur les discours engagés de la soirée (vidéos)

Benjamin Biolay, Yseult et Jean-Louis Aubert ont profité de leur tribune pour faire passer des messages importants.
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C’est une édition un peu particulière des Victoires de la Musique que les téléspectateurs de France 2 ont découverte ce vendredi 12 février. La cérémonie était, en effet, doublement impactée par la pandémie. D’une part, son déroulement et son organisation étaient particuliers, notamment par la semi-absence du public, remplacé par 200 figurants installés un siège sur deux finalement engagés par la production pour mettre un peu d’ambiance, alors qu’elle souhaitait initialement accueillir 1 300 spectateurs. D’autre part, le monde de la musique, comme tous les secteurs liés à la culture, ayant été fortement impacté par les mesures sanitaires, l’humeur n’était pas franchement à la fête, et la célébration était quelque peu entachée. Plusieurs artistes ont d’ailleurs profité de leur passage sur scène pour dénoncer une situation devenue intenable pour beaucoup d’entre eux.

Président d’honneur de cette édition, Jean-Louis Aubert a choisi un titre symbolique pour ouvrir le bal. Après avoir interprété « Un autre monde », a également profité de son discours inaugural pour faire passer un message au gouvernement français, représenté dans la salle par la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot. « Je profite de sa présence ou de son absence pour ne rien réclamer. En effet, quand j’ai commencé dans la musique, je ne pensais pas que l’État y était mêlé en quoi que ce soit. […] L’État ne m’a rien donné, jamais. Et je lui ai beaucoup rendu, et je ne regrette rien » a-t-il d’abord ironisé, avant de continuer, « Tout ce que je vous demanderais, Madame la ministre, c’est de continuer de prendre soin de ceux qui vivent et bossent autour de nous : les musiciens, les équipes techniques et discographiques, les organisateurs de spectacles. Pas longtemps ! Juste le temps qu’on puisse reprendre la route. […] Vivement que l’on se retrouve sur les routes de France, pour fêter la joie de nos libertés retrouvées. Espoir. C’est pour bientôt. » Plus tard, c’est Thomas Savy, un musicien de l’orchestre des Victoires, qui a interpellé la ministre, au nom des artistes, techniciens, et intermittents du spectacle, « qui ne travaillent plus depuis que les salles sont fermées et que les spectacles sont interdits ». « Comment vivre sans exercer son art, quand c'est le choix de toute une vie ? Comment vivre en ayant perdu la moitié de ses revenus, en voyant l'avenir chaque jour plus sombre ? On a beau être dans le spectacle, il faut payer son loyer, ses factures, et nourrir sa famille. (…) L'année blanche accordée par le président de la République aux intermittents du spectacle arrivera bientôt à son terme. Pourquoi refuser de la prolonger puisqu'il nous est impossible de travailler ? Madame la ministre, n'entendez-vous pas les milliers de manifestants qui défilent depuis des semaines pour l'exiger ? » a-t-il déclaré, avant de demander de l’aide afin de relancer les spectacles dans les meilleures conditions sanitaires.

De même, alors qu’il venait de remporter la Victoire de l’Artiste masculin, Benjamin Biolay a souhaité prendre la défense des artisans de la musique. « C’est une soirée importante ce soir, car cela n’a pas été une soirée très victorieuse pour la musique. Pour faire un album, cela demande des centaines de personnes […] Dans cette année de silence, a suivi un silence des pouvoirs publics et des ministres qui sont censés être nos pouvoirs de tutelle. J’attends qu’on nous écoute un petit peu. » a-t-il déploré. En recevant sa deuxième Victoire, celle de l’Album de l’année pour « Grand Prix », il est parti sur une note plus positive : « Et maintenant, la bamboche ! »

Une industrie pas assez féministe

C’est Yseult, qui a remporté le prix de la Révélation féminine de l’année, devançant notre compatriote, Lous and the Yakuza et Clou. La jeune femme, qui a toujours revendiqué plus d’équité et de représentativité dans le monde de la culture et des médias, n’a pas manqué l’occasion de faire entendre sa cause au plus grand nombre. « La réussite est un devoir. Ce n’est pas fini, le chemin est long en tant que femme noire. Le chemin est long en tant que femme grosse, en tant que femme oubliée de la société, oubliée de la culture. Nous y sommes, on est là. » a-t-elle déclaré, très émue par cette reconnaissance, « On ne veut pas nous laisser prendre l'ascenseur, y'a pas de soucis, on est endurants, on va prendre les escaliers, on est forts, on est là ». Elle a ensuite conclu ainsi : « Notre colère est légitime et j'aimerais que ce soir, toute la France l'entende. »

Pomme aussi a plaidé pour un lendemain meilleur pour une industrie plus sûre pour les femmes, dans son discours de remerciement pour sa Victoire de l’Artiste féminine. « J’espère que cette nouvelle génération de femmes saura s’imposer et renverser les codes, qui ne sont pas toujours faciles pour les femmes » a-t-elle affirmé, après avoir clamé son admiration pour les artistes nommées à ses côtés, Aya Nakamura et Suzanne. La veille, l’interprète d’« On brûlera » avait signé lettre ouverte publiée par Mediapart, dans laquelle elle révélait avoir été « manipulée, harcelée moralement et sexuellement, sans en avoir conscience », quand elle faisait ses premiers pas dans l’industrie musicale.

Le Palmarès :

Artiste masculin : Benjamin Biolay

Artiste féminine : Pomme

Révélation masculine : Hervé

Révélation féminine : Yseult

Album : « Grand Prix » de Benjamin Biolay

Chanson originale : « Mais je t’aime » de Grand Corps Malade et Camille Lellouche

Création audiovisuelle : « Nous » de Julien Doré

Titre le plus streamé : « Ne reviens pas » de Gradur et Heuss l'Enfoiré

Victoire d'honneur : Jane Birkin

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