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Serge Gainsbourg, génial et provocateur

Trente ans qu’on vit sans lui. Les audaces de ce créateur de génie manquent dans un monde de plus en plus étriqué moralement.

PourCiné-Télé-Revue

Ce 2 mars, il y aura trente ans que l’homme à la tête de chou rendait l’âme, tout seul dans sa maison de la rue Verneuil, à Paris, à un mois de ses 63 ans. Trente ans plus tard, Serge Gainsbourg reste une référence musicale mondiale. Comme à chaque date anniversaire, les hommages pullulent. Côté livres, Fabien Lecœuvre a été le premier à dégainer avec « La véritable histoire des chansons de Gainsbourg ». Il est suivi par Bernard Pascuito, qui publie au Cherche-Midi « La dernière vie de Serge Gainsbourg ».

Aux Victoires de la musique, à travers le prix d’honneur remis à Jane Birkin, c’était aussi sa mémoire qui était saluée. À la télé, ce vendredi 26 février, France 3 lui consacrait « Toute une vie », avant de diffuser le concert de jeunes sociétaires de la Comédie-Française autobaptisés Les Serge. Ce soir sur la Trois (et mardi sur la Une), « La story de Serge Gainsbourg : le punchliner » revient sur son sens inouï de la rime et de la mélodie.

Avec les années, la signature Serge Gainsbourg s’est imposée dans l’univers musical comme celle de Molière au théâtre. Oubliant un peu le provocateur derrière l’artiste. Or avec Gainsbourg traînait aussi Gainsbarre, son indissociable double, celui qui ferait mourir d’horreur les censeurs d’aujourd’hui. Le farceur qui, à « Champs-Elysées », l’émission du vétéran Michel Drucker, balançait devant Whitney Houston « I want to fuck her », que le réjoui Michel traduisait par un hypocrite « il a dit qu’il voulait vous offrir des fleurs ».

Aujourd’hui, les trolls du Net se déchaîneraient sur Serge s’il venait à brûler « à 74 % » un billet de 500 francs (ou disons de 100 euros) en direct sur un plateau, pour dénoncer la part de ses revenus ponctionnée par le fisc. À ceux que son geste avait offusqués, à l’époque, il répondait : « C’est mon pognon, j’en ai rien à cirer. » Eméché, il se montra aussi un jour très insistant envers Catherine Deneuve, avec qui il chantait « Dieu est un fumeur de havanes », toujours sur le plateau de l’éternel Drucker. Il serait cloué au pilori pour de tels gestes aujourd’hui.

Tenant plus longtemps le pastis que Renaud, Serge Gainsbourg arrivait souvent bourré aux émissions (tout en affirmant ne jamais l’être pour créer), mais il n’avait pas besoin de ça pour être intenable. C’est à jeun, d’ailleurs, qu’il réalisera la plus grande provocation de sa carrière : reprendre en version reggae « La Marseillaise ». Une audace que plusieurs légionnaires eurent envie de lui rendre en pleine poire. Malin, il parviendra à les mettre dans sa poche. Avant d’offusquer les ligues de vertu avec « Lemon incest », interprété avec sa fille âgée de 13 ans à l’époque, Charlotte. La maison de la rue Verneuil va être transformée bientôt en musée à sa mémoire, et c’est très bien, mais n’oublions pas que l’ami Serge fut toute sa vie hors cadre. Pour notre plus grand bonheur !

« La Story de Serge Gainsbourg : le punchliner », 21h10, la Trois

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