Samuel Le Bihan: «Alex Hugo est plus complexe qu’il n’y paraît»

Par certains côtés, Alex semble proche de vous. Cette osmose ressentie est-elle réelle ?

J’avoue que c’est un personnage qui me convient sur le plan personnel. J’aime bien ses valeurs, le cadre dans lequel il évolue, cet univers de la montagne. Je me rends compte que le public aime la montagne, et il m’a validé dans cet univers-là.

Alex est à l’écoute, il sait montrer de l’empathie, il ne porte pratiquement jamais d’arme. Ce n’est pas un cow-boy…

Il essaye d’abord de percevoir l’humanité qu’il y a chez quelqu’un. Ce qui est intéressant dans ce personnage, c’est qu’il est plus complexe qu’il n’y paraît. Il y a des scènes d’émotion, de gravité assez nuancées qui sont particulières à jouer. Il y a un mystère à cultiver, une douleur. Il est parfois plus sombre que je ne le suis.

Alex est proche des gens. En même temps, s’il va si loin dans la montagne, n’est-ce pas parce qu’il a besoin de s’éloigner du monde ?

C’est un personnage extrêmement solitaire. Il est bon, il aime les gens, mais il est très facilement heurté par la société. Il ne trouve son équilibre que perdu dans la montagne.

Une montagne qui vous fascine toujours ?

En ce moment, je passe mes journées en haute montagne avec toute l’équipe pour le tournage de la saison suivante. On ne peut pas s’empêcher de dire au moins une fois par heure « Mais qu’est-ce que c’est beau ! « Les variations de lumière, l’inclinaison du soleil, tout cela fait qu’à chaque fois on a l’impression de voir un paysage différent.

Vous laisseriez-vous tenter par un chalet comme résidence secondaire ?

J’y ai pensé… Mais je me suis installé l’année dernière dans le sud de la France et je mets toute mon énergie à en faire mon petit nid. Ce qui m’a décidé à quitter Paris, c’est une envie de vivre autrement, au grand air, avec un bon encadrement pour ma fille.

Depuis que vous êtes le héros de cette série, vous n’avez tourné aucun long-métrage. Le cinéma vous boude ?

Je ne pense pas que ce soit lié à la série. Le cinéma s’intéresse moins à moi, tout simplement. J’ai la chance d’avoir une série qui plaît beaucoup. Franchement, tout va bien.

Francis Perrin annonce que son fils Louis, autiste, va jouer dans « L’école des femmes « avec lui. Pour vous qui avez une fille autiste, c’est un exemple encourageant…

Je suis ravi que son fils ait pu progresser et qu’il devienne un jeune homme qui a acquis de l’autonomie et le plaisir de jouer : c’est magnifique. Mais il n’y a pas deux autistes pareils, chaque cas est particulier. Francis Perrin a fait énormément avancer les choses du côté des méthodes comportementalistes, qui permettent une vraie évolution. Je l’en remercie.

Et vous n’êtes pas en reste. Vous avez notamment tourné un téléfilm où vous jouez le père d’un enfant autiste…

J’ai monté également une plateforme qui s’appelle Autisme Info Service pour répondre à tous les besoins des autistes, de leur famille et de leur environnement. Sur les plans juridiques, médical, administratif. J’apporte aussi ma part à l’édifice. Quand on a beaucoup reçu, c’est important de donner.

Alex Hugo ** 21 h 05 France 2