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Quand les comédiens fantasment leur vie

Jim Carrey, mais aussi Jonathan Zaccaï, voire Edouard Baer : ces trois acteurs se confessent à travers des livres de fiction. Parce que le faux est parfois plus proche du vrai !

PourCiné-Télé-Revue

À les entendre à longueur d’interviews, la plupart des acteurs détestent parler d’eux, de leur vie privée, de ce qu’ils aiment ou détestent. Ils ne sont là que pour témoigner de leur art en oubliant leur insignifiante personne derrière les grands textes. Ouais… N’empêche qu’on les retrouve presque tous alignés au rayon autobiographies des libraires. Souvent, ils expliquent préférer raconter eux-mêmes leur carrière et leurs amours que laisser un plumitif déformer la réalité. On dira qu’on les croit. Rochefort, Brialy, Serrault, Belmondo, Deneuve à travers sa sœur, Duperey, Depardieu, Lavoine à travers son père… il y a de réelles pépites.

Certains se sont révélés si doués qu’ils se sont pris au jeu et mènent en parallèle de vraies carrières d’écrivains, comme Richard Bohringer, Isabelle Carré. Ce fut le cas de Simone Signoret, de Bernard Giraudeau… Il y a aussi les comédiens pour qui écrire est une façon de se raconter en se cachant derrière la fiction. C’est le cas de trois livres qui paraissent coup sur coup, signés Edouard Baer et surtout Jim Carrey et Jonathan Zaccaï, l’acteur belge rendu célèbre par son rôle dans la série « Le bureau des légendes ».

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Dans « Les élucubrations d’un homme soudain frappé par la grâce », Edouard Baer fait plus que retranscrire son dernier spectacle. C’est le premier livre d’un homme qui n’a pas osé écrire, car son père avait douché ses ambitions littéraires d’un «  Si tu étais Marcel Proust, ça se saurait ». Il prend une petite revanche à 54 ans, en nous présentant son autoportrait à travers ses admirations et ses amitiés, convoquant Romain Gary, Albert Camus ou Jean Rochefort, ses « pères spirituels ».

Pour Jim Carrey et Jonathan Zaccaï, les ambitions sont encore plus grandes. Leurs romans sont des autofictions sans masque. Dans « Ma femme écrit », Jonathan Zaccaï revient avec humour sur une crise vécue par son couple quand il a appris que sa femme, Elodie Hesme, actrice et parolière (pour Lara Fabian, Tina Arena, Céline Dion…), écrivait un scénario sur la vie de sa mère, la peintre Sarah Kaliski.

Comme il nous l’explique en interview, Jonathan ne l’a pas supporté. Comme si l’histoire de sa maman était sa propriété, et que lui seul pouvait écrire sur elle. Il en tire un roman barré, où il grossit sa colère et sa paranoïa. Il rencontre aussi des esprits et loge chez Catherine Deneuve, qu’il aimerait bien voir jouer sa mère au cinéma. Toutes choses beaucoup plus rares dans une autobiographie traditionnelle ! Une adaptation pour le grand écran est d’ailleurs envisagée. Difficile de ne pas penser à « Grosse fatigue », où Michel Blanc racontait comment il se faisait évincer par son sosie, ou « Les garçons et Guillaume, à table ! », où Guillaume Gallienne s’amusait de sa jeunesse contrariée par sa trop grande féminité.

Envahi par des aliens

On pourra sans doute tirer aussi un film de « Mémoires flous », de Jim Carrey. Mais il faudra les moyens d’un blockbuster ! Le comédien se raconte à la troisième personne, dans une histoire où, là aussi, l’autobiographie cède le pas à l’imagination la plus débridée. S’il invoque les esprits, Jim va en plus affronter des aliens fantasmatiques avec John Travolta, Nicolas Cage, Gwyneth Paltrow et une star qui ne l’a pas autorisé à dire que c’est Tom Cruise. Délire assuré !

«  Il n’y a rien de plus ennuyeux pour moi que l’idée d’écrire les faits réels de ma vie dans un ordre chronologique », a confié l’acteur. «  Jim Carrey dans ce livre est l’avatar de l’artiste, de la célébrité. Une partie est très réaliste, mais même les éléments fictifs disent une vérité. » Ce roman, qui lui a pris huit ans, a servi d’exorcisme. Le début nous montre un Jim Carrey dépressif, incapable de se remettre de sa rupture, bien réelle, avec Renée Zellweger, « la femme de sa vie ». Il se fourvoie ensuite dans une romance avec une playmate et une « fausse Marilyn Monroe » qui fait une overdose. Là, difficile de ne pas songer à ses compagnes Jenny McCarthy et Cathriona White. Le suicide de cette dernière, en 2015, avait ébranlé l’artiste, accusé par certains d’avoir sa part de responsabilité dans son geste. Des années noires, marquées par la dépression et un net ralentissement de sa carrière. Dont aujourd’hui, il est assez guéri pour pouvoir les transformer en fiction et se moquer de lui-même !

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