Les secrets du spectacle en streaming de Kev Adams et Gad Elmaleh

Comment vous avez eu l’idée de créer la plateforme de streaming gibson.live ?

J’ai dix ans d’expérience dans le streaming, même si ce n’était pas en live. J’ai commencé à en faire pour Universal, avec de gros artistes internationaux, dans le cadre du Jamel Comedy Club. On appelait ça les Jam sessions. On a reçu Maroon 5, les Black Eyed Peas, Stevie Wonder… Je gérais toutes les captations. On les diffusait sur le Net ensuite. J’ai par après fait Johnny sur la Tour Eiffel, Justin Bieber sur le toit de la Tour Montparnasse. Et finalement, j’ai fait des sessions pour Deezer. Lors du premier confinement, comme beaucoup de producteurs, j’ai perdu plus d’une centaine de dates de concerts. Je me suis dit qu’il fallait réagir. J’ai profité de mon expérience pour faire du live streaming, avec des amis chanteurs comme Bruel, Christophe Maé. Là, c’était artisanal, fait à la maison. Mais avec le deuxième confinement, il fallait que ce soit professionnel, avec une super-qualité d’image, sans coupure, dans une salle. On peut accueillir sur notre plateforme jusque 200 000 personnes en simultané. Et on s’est lancés sur l’aventure Gims, dont le concert a été suivi par 60 000 personnes en décembre ! Les retours ont été énormes. Les gens nous remerciaient de leur avoir donné une heure et demie d’évasion. Ils ne peuvent plus venir en concert, donc on vient dans leur salon. On a reçu des vidéos de gens qui se filmaient en train de danser, qui avaient préparé un apéro à la maison, etc. Il y avait des spectateurs jusqu’en Afrique.

Là, c’est Kev Adams et Gad Elmaleh que vous réunissez…

Oui, on se lance dans l’humour. Ce sont les porte-drapeaux du premier live streaming humoristique. Ils nous ont dit oui directement. Ils seront entourés de nombreux autres humoristes (Samuel Bambi, Elie Semoun, Morgane Cadignan, Alex Fredo, Hakim Jemil, Maxime Gasteuil…) Gad et Kev feront chacun des sketches, écrits pour l’occasion, et présenteront les autres artistes. Ce sera du stand up. Et comme on est en direct, on peut s’attendre à des petites surprises.

Lors d’un concert en streaming, le plus dur c’est de faire passer l’ambiance dans le salon des gens. Et pour un spectacle humoristique, ça se passe comment sans les rires des spectateurs dans la salle ?

On a fait appel à une société spéciale Covid, qui vient voir le lieu, nous dit combien de gens masqués on peut mettre dans la salle, comme pour une émission télé. On est obligé de faire des contrats de figurants pour toutes ces personnes, sinon elles n’auraient pas le droit d’être là. Elles assureront l’ambiance sonore, les rires, les applaudissements. Mais on a choisi des gens qui aiment ça. Il faut que ce soit naturel. Et ça offrira un ressenti aux artistes, pour qu’ils ne jouent par leurs sketchs devant une salle vide.

Il faut se réinventer ?

Oui. Ce n’est cependant pas encore rentable à ce stade. Seules les grosses stars internationales qui ont fait ça et dont le concert a été vu dans le monde entier par un million de personnes peuvent rapporter de l’argent. Mais le plus important, c’était aussi de refaire travailler les intermittents du spectacle, qui sont en pleine déprime: techniciens, éclairagistes, musiciens… Et puis, ressortir du matériel qui prenait la poussière depuis près d’un an. C’est important, alors qu’il n’y a toujours pas de perspectives de reprise.

Le streaming en live de ce type de spectacle a-t-il un avenir au-delà de la période de pandémie ?

Oui. Désormais, on se dit que sur une tournée de 80 dates de Patrick Bruel, Vianney ou Christophe Maé, il y aura un des concerts qui sera aussi diffusé en live streaming afin d’être vu en Guadeloupe ou aux Etats-Unis par les expatriés français et ce contre une petite somme de 15 ou 20 euros. Ce sera rentable un jour. Deezer a perdu de l’argent en streaming musique pendant trois ans et aujourd’hui, ils en gagnent.

Réservations : https://www.gigson.live