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«120 battements par minute»: un film coup-de-poing, vivant et authentique, à voir ce soir sur la Trois

Avec son formidable long métrage, Robin Campillo signe un film à l’énergie vitale sur l’association qui a changé le regard de la France sur le sida et les homosexuels.

PourCiné-Télé-Revue

Grand Prix au Festival de Cannes, reparti avec six Césars – dont meilleur film – en 2018, « 120 battements par minute », est à la fois un film coup-de-poing, vivant et authentique, et un film coup de cœur, gorgé d’émotions brutes. Il revient sur un passé récent, le tout début des années 1990, dont, pourtant, on a l’impression parfois qu’il s’agit de temps archaïques. Pas de GSM à l’époque, pas d’Internet ni de réseaux sociaux pour se faire connaître et rallier des partisans à sa cause, mais le Minitel et le fax, le courrier et les affiches collées sur les murs, et puis l’action directe, sortir dans la rue, crier sa colère et son désespoir, déranger. Et il y avait urgence de se faire entendre pour les milliers de personnes en France qui avaient été atteintes par un mal terrible et mortel, le sida, et qui voulaient stopper l’hémorragie.

Les premiers cas avaient été diagnostiqués en 1980 aux USA. Dix ans plus tard, un million de personnes étaient malades. Le monde entier avait pris conscience de l’importance de l’épidémie. En 1985, les premiers tests de dépistage avaient été mis au point. En France, l’affaire du sang contaminé – des pochettes de sang vicié distribuées à des patients hémophiles alors que les responsables connaissaient les risques – avait servi d’électrochoc. L’année suivante, l’AZT, une molécule antivirale, avait suscité des espoirs fous. Mais en attendant, les morts se comptaient par milliers, anonymes ou célèbres, comme Freddie Mercury, le leader de Queen.

Pourtant, si le sida à cette époque hante les esprits, malgré l’évidence, malgré l’urgence, les préjugés les plus imbéciles dominent encore. Pour beaucoup, c’est une « maladie de pédés », une « punition de Dieu », qui ne concerne que la « lie de la société ». Certains même s’en réjouissent. Le pire est que la population hétéro souvent ne se sent pas concernée et que les catégories les plus exposées sont également les moins bien informées : les homosexuel(le)s, les prostitué(e)s, les toxicomanes, les personnes en situation précaire, les prisonniers et les jeunes.

Le condensé d’une époque

C’est dans cette ambiance de panique mortifère que trois hommes fondent Act Up Paris, sur le modèle d’une association américaine, en 1989. Leur cible : l’Etat, qui ne fait pas son boulot. Entre 1986 et 1989, aucune campagne n’a été financée à destination des drogués, par exemple, pour les informer du risque d’utiliser une seringue usagée. L’industrie pharmaceutique est aussi dans le collimateur, qui, au minimum, rechigne à partager ses découvertes scientifiques qui permettraient d’accélérer la lutte contre la maladie, pour des raisons strictement financières. Pour elle, le sida est une mine d’or. Les brevets rapportent gros, les médicaments sont vendus à des prix exorbitants… Act Up va organiser la lutte. « 120 battements par minute » nous offre un beau condensé de son épopée.

120 battements par minute *** La Trois 21 h 05

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