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L’affaire Polanski à la loupe sur France 2: «Les accusations font partie intégrante de sa vie»

Les accusations de viol à l’encontre du cinéaste sont au cœur de « Complément d’enquête », ce jeudi. Auteur du reportage, Sébastien Lafargue nous en dit plus.

PourCiné-Télé-Revue

Le titre de votre enquête, « L’accusé Polanski », fait référence à son dernier film « J’accuse », qui a été considéré par certains comme une provocation…

Dans l’interview qu’il a donnée à son ami Pascal Bruckner, publiée dans le dossier de presse, on comprend qu’il voit des points de comparaison entre lui et le capitaine Dreyfus. C’est d’ailleurs ce qui a mis le feu aux poudres. La polémique a commencé en août 2019, à la Mostra de Venise, bien avant la nomination aux Césars. A la suite de quoi, une partie de la presse, notamment américaine, lui a reproché de se prendre pour le capitaine Dreyfus et de servir sa vérité dans le film.

Vous évoquez également Valentine Monnier, sa dernière accusatrice…

Elle explique que le titre « J’accuse » l’a définitivement déterminée à s’exprimer dans « Le Parisien », juste avant la sortie du film. Elle dit en substance qu’il est inacceptable que celui qu’elle accuse de viol se fasse passer pour la victime. De son côté, Polanski réfute cette accusation. Ce n’est pas aux journalistes de trancher. Mais certains ont une intime conviction forgée aussi par l’ère #Metoo.

Reste que les accusations sont multiples…

Les accusations font partie intégrante de sa vie, d’autant que les premières remontent à 1977. Il y a ce qui est largement documenté et qu’il reconnaît comme faits. Et puis, il y a toute cette zone pas très claire sur laquelle on essaye d’apporter quelques éclairages pour bien comprendre ce qui semble avéré et ce qui le semble moins. La particularité étant que la totalité des histoires sont aujourd’hui prescrites.

Le principal intéressé affiche-t-il un certain recul vis-à-vis de toutes ces polémiques ?

Au cours de mon enquête, j’ai compris, à mots couverts, qu’il était affecté car la charge est violente. Son nom est scandé dans la rue par les féministes, qui le nomment « Violenski ». Lui rétorque qu’il est victime d’un tribunal d’opinion autoproclamé, prêt à fouler aux pieds les principes de l’Etat de droit pour que l’irrationnel triomphe. C’est en tout cas ce qu’il a expliqué pour justifier son absence aux Césars.

On peut dire que sa vie est un roman, et il y a de quoi écrire plusieurs tomes !

C’est un parcours extraordinaire au sens premier du terme. C’est un survivant de l’holocauste. Il y avait toutes les raisons pour qu’il n’en réchappe pas. Il a perdu sa mère, a connu des années d’errance à se cacher. Il a rêvé de cinéma depuis toujours, a connu la gloire hollywoodienne. La plus belle femme de l’époque, Sharon Tate, a été la sienne et a été assassinée par le criminel qui a le plus marqué l’Amérique. C’est une vie qui est dingue, qui est longue. Il a connu ce qu’il y a de plus grand, les scandales. Et il est reconnu comme quelqu’un qui maîtrise son art de A à Z et comme un véritable Stakhanoviste du travail. Il épuise même les techniciens avec qui il travaille. Et il a 87 ans…

« Complément d’enquête », 23 h 05, France 2

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