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La haine n’a rien de virtuel

Formidable espace d’expression, les réseaux sociaux sont aussi un déversoir de propos violents et injurieux. Un fléau que nos sociétés ont bien du mal à endiguer…

PourCiné-Télé-Revue

Un jour, David Lemos, journaliste sportif pour la chaîne suisse RTS, twitte un commentaire sur un match de foot. Cela fait partie de son job, sauf que ces quelques mots déclenchent des réactions en chaîne qu’il n’aurait jamais soupçonnées: des dizaines de milliers d’insultes et de menaces de mort. Dix jours durant, il subit un lynchage public sur les réseaux sociaux. Pendant trois nuits, il reste éveillé à effacer ces posts à son encontre et à bloquer plus de mille comptes pour se protéger. Son téléphone devient son pire ennemi.

Ce type d’attaques, il n’est pas le seul à le raconter dans ce reportage de la RTS. Jean Ceppi, un étudiant qui utilisait Twitter pour éveiller les consciences à un monde plus tolérant, a subi aussi le cyberharcèlement après avoir « osé » donner son opinion sur le film « Les trois frères », des ex-Inconnus, qu’il a trouvé un brin misogyne. Et cela est arrivé à la youtubeuse de la chaîne La Carologie! Des internautes malveillants sont allés jusqu’à lui envoyer des messages où ils décrivaient comment ils la tueraient ou la violeraient. Jacqueline, elle, a vécu un cauchemar sans fin à cause de son ex-compagnon, qui a créé de faux comptes pour détruire sa réputation, y compris auprès de son employeur.

Vers le suicide

Ces exemples font froid dans le dos… Pourtant, hélas, ils sont monnaie courante. Les jeunes y sont encore plus exposés, eux pour qui envoyer une image « intime » est moins tabou. Quand le sexting devient une arme de chantage aux mains de pervers manipulateurs, cela mène parfois au suicide. Cet aspect-là aussi est abordé dans cette enquête. Mais là où elle va plus loin que la liste de tristes exemples est dans le descriptif de l’abîme vécu par les victimes: ce sentiment de vaciller sur place, de ne jamais échapper à ses agresseurs, qui agissent en meute. La nature humaine adore détester, surtout en groupe, nous dit le journaliste qui signe ce documentaire. C’est un fait, déplorable, certes, mais qui est amplifié dans notre société numérique. Pourquoi? Les experts intervenant dans ce reportage l’expliquent par l’impunité et la distanciation que permettent les écrans. Il n’en reste pas moins que la violence des propos n’a rien de virtuel, elle meurtrit une personne aussi fort que des coups de poignard.

Quel recours ont alors les victimes? Les pays sont en train d’adapter leurs législations respectives pour punir ces délits, mais le processus est lent et complexe, surtout si les agresseurs se cachent sous des pseudonymes… Heureusement, la vision de ce documentaire ne vous laissera pas avec un sentiment de désespoir. Il donne une piste, celle d’une association fondée par une femme politique suisse qui a fait les frais de ce genre de lynchage et qui maintenant vient en aide aux autres victimes en rencontrant leurs « bourreaux » et en leur faisant prendre conscience de la portée désastreuse de leurs phrases sur le Net.

Doc shot: Cyberharcèlement, l’enfer du clic *** 22h15 La Une

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