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La fin d’une époque au cinéma: les stars, de plus en plus nombreuses à exprimer leur dégoût, se rhabillent!

Longtemps, voir tourner nues des actrices a paru naturel… surtout aux réalisateurs. Elles sont aujourd’hui de plus en plus nombreuses à dire leur dégoût. La fin d’une époque.

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« Meryl Streep, on a vu tes nichons dans “Le mystère Silkwood”, Naomi Watts, dans “Mulholland Drive”, Angelina Jolie, on a vu tes nichons dans “Gia”, ils nous ont fait sentir vivants et excités. Mais nous n’avons jamais vu les nichons de Jennifer Lawrence. » Ce grand moment de poésie est l’œuvre de Seth MacFarlane, réalisateur du scabreux « Ted ». Il l’a chanté lors des Oscars 2013, devant les actrices concernées. Ou plutôt consternées. La prestation avait été jugée de mauvais goût, sans plus. On n’était pas encore à l’ère #MeToo. Il semblait encore tout à fait naturel qu’on ait tous vu la plupart des actrices qu’on aime à poil.

Depuis, certes, Jennifer Lawrence a montré ses seins dans « Red Sparrow ». Mais les choses ont changé. A côté des agressions sexuelles à la Harvey Weinstein que nombre d’entre elles ont eues à subir, elles sont plusieurs comédiennes renommées à dire leur dégoût des scènes de nu qu’elles ont dû tourner comme si ça allait de soi. Bien sûr, pour qu’un film fasse vendre, il faut rentabiliser ses vedettes. Et ça passe aussi par le nombre de centimètres de peau qu’elles exposent. Mais en général, pour les hommes, ça s’arrête à montrer leur torse musclé, comme pour Brad Pitt ou Tom Cruise, grands habitués du tomber de chemise… Pour les femmes, le nu intégral est bien plus souvent de rigueur. Surtout quand elles sont jeunes. Après, bizarrement, il devient moins « nécessaire pour l’histoire » qu’elles se déshabillent.

Or, jouer nue est souvent une expérience éprouvante. Béatrice Dalle est revenue sur le tournage de « 37°2 le matin », où, pour ses débuts au cinéma, elle apparaissait nue, notamment dans une scène de sexe torride avec Jean-Hugues Anglade: « C’était horrible. On ne m’avait pas prévenue que toute l’équipe serait sur le plateau. Il fallait faire des gros plans. Je viens d’une famille catholique. Quand mes parents ont assisté à l’avant-première, assis juste derrière moi, je me suis cachée sous le siège. » Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux sont revenues aussi sur le calvaire de la réalisation de « La vie d’Adèle », où le tournage d’une scène de sexe lesbien s’étala sur dix jours. Vraiment nécessaire? Et encore, ces films peuvent avancer que leur sujet est la sexualité, la découverte des corps.

Dans la plupart des productions américaines, c’est juste un passage obligé. Certaines actrices comme Julia Roberts imposent une clause de non-nudité dans leur contrat. Mais combien pour ne pas rater un rôle, ne pas être blacklistées, acceptent de dégrafer leur soutien-gorge, parce que le réalisateur et le producteur jurent leurs grands dieux que c’est indispensable pour comprendre la trame de leur film d’action?

Quand elles n’apparaissent pas nues, les actrices ont à subir d’être réduites à des objets de désir. Gemma Arterton raconte qu’elle n’aurait sans doute pas joué dans « Quantum of Solace » si elle avait eu conscience à l’époque de l’image de la James Bond girl. Quand ça touche des filles encore plus jeunes, l’effet est terrible. Natalie Portman confie avoir été poursuivie longtemps par son rôle de Lolita dans « Léon »: « D’avoir été sexualisée dans mon enfance, face à des hommes plus âgés, m’a éloignée de ma propre sexualité, parce que cela m’a fait peur. J’ai cru que le seul moyen d’être en sécurité était de me montrer sérieuse, conservatrice. »

Des images détournées par le porno

Se montrer nues à l’écran est devenu d’autant moins anodin qu’avec le développement des réseaux sociaux, ces images détachées de leur contexte leur échappent complètement. Kate Winslet, qui n’a jamais eu de souci à jouer de son corps, témoigne ressentir encore de la honte pour sa scène de « Titanic », où elle est dessinée dans le plus simple appareil par Leonardo DiCaprio: « Elle me hante encore. Je n’imaginais pas que je la verrais encore partout 17 ans après. » Même constat chez Keira Knightley: « Je ne veux plus apparaître nue. Une scène de sexe qui avait du sens dans le film, maintenant, vous pouvez l’arranger complètement, la sortir de son contexte et la publier sur un site porno. »

Une crainte justifiée: jusqu’à ces derniers jours, le site Brenus.net recensait des milliers de captures d’écran, collages, séquences, avec les actrices classées par ordre alphabétique. Lui a fermé, d’autres voient le jour. Et la plupart des sites pornos ont une rubrique « celebrities »…

Aussi, de plus en plus, les actrices disent non aux scènes de nu, ou mettent des conditions draconiennes. Pour « Red Sparrow », Jennifer Lawrence a accepté de tourner nue, car la scène la montre prenant le pouvoir sur son partenaire masculin. Ou elles n’acceptent plus de tourner nues pour un homme, qui les réduit trop souvent à l’état d’objet de fantasme. « Même quand je comprends le sens d’une situation sexuelle dans un film, en fait, le réalisateur, lui, veut juste avoir un corps sexy qui gémit », assène Keira Knightley.

Le corps d’une autre : le saviez-vous  ?

Parfois, les actrices parviennent à transiger et à obtenir d’être doublées pour les scènes de nu. Le cinéma, c’est l’art de l’illusion. Vous avez cru voir Dakota Johnson tressaillir sous le fouet dans « Cinquante nuances de Grey »? Ce n’était pas ses fesses qui recevaient les coups. Dans « L’amour extra-large », Gwyneth Paltrow a porté des prothèses pour paraître obèse, mais s’est fait remplacer pour la séquence où, mince, elle se déshabille, de dos.

Saviez-vous aussi que vous n’admiriez pas les jambes de Julia Roberts sur l’affiche de « Pretty Woman »? Idem pour Angelina Jolie courant nue dans « Wanted ».

Le recours à une doublure ou « mannequin corps » va sans doute se généraliser. Surtout avec l’évolution de la technologie numérique. Avant, il n’y avait pas moyen de tricher pour une image de nudité de face. Aujourd’hui, ce n’est plus un problème. Ainsi, dans la fameuse scène de « Game of Thrones », quand l’actrice Lena Headey descend nue les « marches de la honte », c’est en fait le corps de Rebecca Van Cleave que le téléspectateur regarde. La tête de Headey, qui refusait de jouer cette scène, a été ajoutée numériquement.

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