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Kamini: «Pernaut, c’était mon papa de médias»

Après onze ans d’absence de la scène musicale, le rappeur des campagnes, auteur du tube « Marly-Gomont », est de retour avec « 3e Acte ».

PourCiné-Télé-Revue

Votre précédent opus remonte à fin 2009. Qu’est-ce qui vous avait poussé à vous éloigner de la musique ?

En 2009, lorsque j’ai sorti mon deuxième album, il y avait eu un changement de Pdg au niveau de la maison de disques, qui n’était pas fan de mon travail. Le disque est sorti sans promo. À la même époque, mon père est décédé. J’avais un projet de feuilleton inspiré de sa vie, qui s’est transformé en film. J’ai mis sept ans à le monter ! En parallèle, j’ai commencé à faire du stand-up. Je fais aussi de la télé sur France3 et France4. Tout ça m’a accaparé.

Ce nouvel album, vous l’avez fait sans passer par une maison de disques.

Oui. Plein de gens me demandaient quand j’allais à nouveau chanter. J’ai donc décidé de voir si j’avais une vraie communauté qui m’attendait sur le plan musical en passant par le crowdfunding. Et j’ai récolté 22000 euros. Bien plus que ce que j’espérais.

Vous revendiquez haut et fort votre image de rappeur des campagnes !

C’est mon identité. Je suis ch’ti, je viens du Nord, du monde rural. Je n’ai pas un vécu de quartier. Tous les codes qu’il y a dans le rap, l’aspect bling-bling, l’egotrip, ce n’est pas moi. Mon rap rural est basé sur un champ de vision large et la psychologie humaine. Et ça rejoint parfois l’actualité. Certains disent que j’ai anticipé la crise des gilets jaunes. Mais non, j’évoque juste les problématiques du monde rural, cette sensation d’abandon, la fermeture des services publics…

De quelle façon ce « 3e Acte » reflète-t-il votre évolution ?

J’ai gagné en confiance, en maturité. Et j’ai digéré le buzz de « Marly-Gomont », qui avait été compliqué à vivre, par rapport à l’éducation, où mon père m’a appris l’humilité, l’importance des études. J’ai été spectateur de ce qui m’arrivait. J’avais tellement peur qu’on me dise que je me la pète… En interview, j’étais tout le temps dans le contrôle. Mais je n’ai pas de regret, car c’est ce qui m’a permis de faire tout ce que j’ai accompli ensuite.

Quand vous voyez Marine Le Pen qui arrive en tête à Marly-Gomont aux élections, vous vous dites que rien n’a changé ?

C’est le racisme ordinaire, ça a toujours existé. De mes 6 à mes 18 ans, quand je vivais à Marly-Gomont, il n’y a pas eu une journée où on ne m’a pas insulté, traité de bamboula, de macaque. Je ne pense cependant pas que tous les gens qui votent pour elle sont racistes. C’est aussi un vote de contestation car les demandes du peuple ne sont pas écoutées par les autres partis.

Vous étiez un téléspectateur du J.T. de Pernaut ?

Oui ! C’est mon papa de médias. Je le regardais. C’est pour ça que dans « Marly-Gomont », j’ai fait la punchline : « Les p’tits patelins paumés que personne ne connaît, même pas Jean-Pierre Pernaut ». (Rires.) Je trouvais formidable qu’il parle des petits villages.

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