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Jennifer Jason Leigh: «Tarantino a ressuscité ma carrière»

Capable de tout jouer, la comédienne a enfin reçu sa première nomination à l’Oscar grâce à ce western ultra-violent.

PourCiné-Télé-Revue

Jennifer Jason Leigh est un cas à part à Hollywood. Avec son joli minois de blonde sexy, elle aurait pu être cantonnée dès ses premiers films, au début des années 1980, à des comédies romantiques sans relief. Mais son regard dégageait déjà alors une forme de noirceur qu’on retrouve peu chez les comédiennes de son âge.

Résultat, elle va enchaîner les personnages perturbés ou qui subissent les pires horreurs : violée dans « La chair et le sang » de Paul Verhoeven, écartelée vivante dans le mythique « Hitcher », à nouveau violée en prostituée dans « Last exit to Brooklyn », psychopathe dans « JF partagerait appartement ». Aucun rôle ne semble l’effrayer. Elle tourne avec les plus grands : Altman pour « Short Cuts », Cronenberg pour « eXistenZ », les frères Coen pour « Le grand saut ». Là où une autre comédienne y regarderait à deux fois avant de dire oui, elle fonce tête baissée.

Des raclées monumentales

Et pourtant, elle n’a vraiment jamais accédé au statut de star, et sa carrière va petit à petit sombrer dans les années 2000. Jusqu’à ce que Quentin Tarantino lui propose d’incarner Daisy Domergue, une criminelle capturée par Kurt Russell dans le western ultra-violent « Les huit salopards », en 2016. Un rôle que seule elle semblait capable d’endosser, où elle se prend des claques dans la figure comme on en a rarement vu au cinéma au point de passer pour un punching-ball humain. Trash, mais imparable.

Le film lui vaut, en 2016, sa première nomination à l’Oscar, à 54 ans. « Quand un réalisateur du calibre de Quentin Tarantino vous appelle pour travailler avec lui, vous vous sentez tellement chanceuse », confiait-elle lors de la sortie du long-métrage. « Il a ressuscité ma carrière ! »

Reste qu’il s’agit sans doute aussi d’un des rôles les plus éprouvants qu’elle ait eu à jouer. « C’était dur, il faisait froid et j’étais couverte de sang. Mais vous vous sentez tellement privilégiée de travailler avec Quentin, et il y a un tel sentiment de fête sur le plateau ! »

Depuis, Jennifer Jason Leigh n’a pas retrouvé de rôle de la même trempe, mais elle a la satisfaction d’avoir enfin été reconnue pour son talent. Quant à ceux qui ont affirmé que Tarantino faisait preuve de misogynie en malmenant à ce point un personnage féminin à l’écran, le cinéaste se défend. « C’est vrai qu’elle se prend quelques solides coups dans la gueule, mais des choses bien pires arrivent à d’autres personnages du film, hommes ou femmes ! Par ailleurs, il ne faut pas oublier que nous sommes à une époque bien spécifique, et aussi violent que Kurt Russell soit avec elle, il pourrait tout aussi bien sortir son flingue et lui tirer une balle en plein cœur. Je ne dis pas que c’est bien, mais Daisy est une criminelle recherchée morte ou vive, donc en soi, elle s’en sort plutôt pas mal ! (Rires.) » Du Tarantino tout craché.

« Les huit salopards » 20h05, Tipik

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