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«Sous couverture» avec Didier van Cauwelaert: «Une dictature sanitaire reste une dictature»

Invité de l’émission littéraire de la RTBF, l’écrivain revient avec « L’inconnue du 17 mars », l’un des premiers romans prenant pour cadre le confinement. Un livre drôle, fantastique et engagé.

PourCiné-Télé-Revue

« L’inconnue du 17 mars » nous plonge en plein fantasme émotionnel et aux frontières du réel, durant le confinement…

Oui, c’est un livre sur les ravages qu’un premier amour peut causer, mais aussi les anticorps qu’il crée. Le narrateur a l’impression qu’il ne pourra plus jamais vivre une telle passion. Il a épousé une femme parce qu’elle ressemblait à celle aimée à 17 ans, mais pour mieux lui reprocher de ne pas correspondre tout à fait à ce modèle idéal, et la perdre aussi, et en même temps tout perdre, et se retrouver à la rue, littéralement. Mais la force de l’amour qu’il a éprouvé va lui permettre de vivre une histoire extraordinaire, alors que le monde est soumis au confinement.

Vous êtes un des premiers artistes à intégrer dans une œuvre de fiction le confinement dû à l’épidémie de coronavirus.

C’était une nécessité vitale. J’avais un livre prévu pour avril. Sa sortie a été repoussée, mais je n’allais pas rester tout nu comme artiste alors que se passait un événement aussi important. Il fallait une histoire, un personnage. Je l’ai trouvé dans la rue, en voyant le regard à la fois narquois et compatissant porté par un SDF sur les gens qui se hâtaient pour se calfeutrer chez eux avec leurs stocks de pâtes et de papier cul. Ce SDF devenait tout à coup une espèce de privilégié paradoxal, parce qu’il n’avait rien à perdre et restait à l’air libre, lui. Il y avait là une ironie qui me plaisait. Le souci avec le confinement n’est pas d’être calé chez soi. En tant qu’écrivain, j’en sais quelque chose. Le problème, c’est la perte de liberté. Ecrire sur ce sujet était capital, et essayer de montrer que du positif pouvait sortir de ces conditions exceptionnelles.

Le point de départ de l’histoire est très critique sur notre société, qui renonce à ses libertés.

Une dictature sanitaire, « pour le bien des gens », est tout de même une dictature. Et la sincérité parfois réelle des gouvernants n’est pas une circonstance atténuante. Tout à coup, on oublie la notion de conflit d’intérêts, par exemple : on écoute des médecins à la télé, qui sont par la loi obligés de dire pour quelle société pharmaceutique ils bossent, mais personne ne le leur demande. Il suffit d’instiller la peur, et après les gens font ce que vous voulez. On ne serait pas au point où on en est aujourd’hui si on n’avait pas laissé s’installer ce scénario dès le départ. L’état d’urgence ne veut pas dire oublier le système démocratique. C’est le rôle de l’écrivain de le dire.

Le héros va vivre des retrouvailles amoureuses salutaires pour l’humanité, qui l’entraînent à la lisière du surnaturel…

Sans en dévoiler trop, sa reconstruction passe par plusieurs étapes. Qu’est-ce que notre inconscient, notre mémoire ? Comment nous font-ils redémarrer quand on est au plus bas ? D’où vient la voix qu’on entend en soi ? J’avoue que je ne pensais pas aller aussi loin quand j’ai commencé le livre !

Sous couverture *** La Trois 22 h 35

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