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Sur Netflix, découvrez «Ratched», l’infirmière qui ne vous veut pas du bien

« Ratched », la série-événement de la rentrée sur Netflix, est un préquel du film « Vol au-dessus d’un nid de coucou », avec Sarah Paulson en glaciale infirmière-chef. Un concentré d’horreur et de mélo.

PourCiné-Télé-Revue

« Pour une infirmière, elle a plutôt l’air inhospitalière. Elle me fera mourir, l’infirmière », chantait feu Johnny Hallyday, en 1985. Ratched, l’héroïne de la nouvelle série Netflix, disponible à partir de ce 18 septembre, est aussi le genre d’infirmière à vous faire passer de vie à trépas. Mais pas dans les râles de l’amour parce qu’elle ne porte rien sous ses dessous. Alors, là, pas du tout !

Décliné en 8 épisodes, « Ratched » a été inspirée à Ryan Murphy, déjà le papa d’« American Horror Story » et de « Hollywood », par le personnage de Mildred Ratched, interprétée par Louise Fletcher dans « Vol au-dessus d’un nid de coucou ». Ce chef-d’œuvre de Milos Forman, sorti en 1975, rafla les Oscars des meilleurs film, réalisateur, scénario adapté et acteurs principaux pour Fletcher et Jack Nicholson.

Aujourd’hui encore, « Vol au-dessus d’un nid de coucou » est l’un des films les plus admirés de l’histoire du cinéma, pour sa description de l’univers des hôpitaux psychiatriques, perturbée par un face-à-face à mort entre l’infirmière en chef et un malfrat qui s’est cru malin en se faisant passer pour dérangé afin d’éviter la prison. Le Tchèque Milos Forman y voyait une métaphore du bloc de l’Est qu’il avait fui en y laissant sa femme et ses jumeaux. Qu’est-ce qu’un tel long métrage allait bien pouvoir devenir entre les mains de Ryan Murphy, associé à son collègue de « Glee » Ian Brennan et au scénariste Ivan Romansky ? Le showrunner le plus flamboyant et prolifique de Hollywood nous concocte une « origin story », en revenant sur les débuts de la glaciale Ratched. Tout en développant presque un spin-off sans en avoir l’air d’« American Horror Story » !

L’impression de suivre une saison à part d’« American Horror Story » est évidemment renforcée par le fait que Sarah Paulson prête ses traits à Mildred. L’actrice a laissé de côté la série d’horreur durant sa neuvième saison pour pouvoir jouer Mildred. Que les fans se rassurent, elle a cependant resigné pour la saison 10, dont le tournage doit reprendre en octobre. Et Sarah est annoncée aussi dans les saisons 11 à 13 promises par FX et Hulu… Il faudra bien qu’elle case quelque part la saison 2 de « Ratched ». L’infirmière étant loin d’avoir prodigué ses derniers soins.

L’idée de départ de Ryan Murphy, expliquée à Vanity Fair, n’est pas de faire un portrait à charge d’une psychopathe, mais de montrer comment Mildred Ratched « s’est transformée en un monstre qui exploite les gens dans le cadre du système de prise en charge de la santé mentale. Pour moi, c’était vraiment intéressant de créer un personnage émouvant en partant de cette réputation mortifère… D’essayer de comprendre chaque détail de son enfance, de ses relations, de sa sexualité. »

Vingt ans avant le film

Nous sommes en 1947, en Californie, une vingtaine d’années avant l’histoire racontée dans le film de Forman. Mildred parvient à se faire admettre dans un hôpital psychiatrique supposé à la pointe de la recherche, où vient d’être interné un serial killer spécialisé dans le curé. Le directeur de l’établissement se base sur les expériences les plus avant-gardistes pour traiter ses patients, atteints de maladies psychiques aussi diverses que la paranoïa, la schizophrénie, la distraction, les pertes de mémoire, l’homosexualité… Ses outils favoris ? La foreuse et la vapeur. Le problème est que personne n’est tout à fait ce qu’il prétend être. Ni le directeur, dont une femme richissime (campée par Sharon Stone !) veut se venger, et encore moins Mildred.

La dévouée infirmière compte bien infiltrer le système pour se rapprocher du tueur en série. Et tant pis si la réussite de son projet demande quelques sacrifices. Derrière son visage impassible couve depuis son enfance martyre une haine qui va enfin pouvoir se déployer. A moins que l’amour d’une femme ne change la donne. La question de la normalité, sous toutes ses formes, est au cœur de l’intrigue… La tension, la folie des personnages, les nombreux événements sanglants font bien plus penser à la saison 2 d’« American Horror Story », qui se passait déjà dans un asile, qu’à la critique du système au cœur du film avec Jack Nicholson.

Ryan Murphy paie sa dette aussi à Alfred Hitchcock, abondamment cité. A mi-chemin, l’intrigue quitte l’épouvante pour le mélodrame. Le showrunner tient sa promesse en essayant de comprendre les motivations profondes de Mildred, et montre des voies de rédemption possibles. Une partie pas forcément la plus convaincante, mais bien des chamboulements sont attendus pour la suite…

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