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Amel Bent, de chanteuse à actrice: «Je n’ai jamais été aussi terrifiée de ma vie»

En pleine préparation de son nouvel album, la chanteuse se révèle en tant qu’actrice dans le téléfilm « Les sandales blanches », à découvrir ce lundi soir sur France 2.

PourCiné-Télé-Revue

« Les sandales blanches » est tiré d’une histoire vraie. Vous y incarnez Malika Bellaribi, une mezzo-soprano française d’origine algérienne rescapée d’un grave accident de la route quand elle était enfant, dans les années 1960. Elle a eu les jambes, les hanches et le bassin brisés. Pourquoi avez-vous accepté ce rôle ?

Quand j’ai lu le livre de Malika Bellaribi-Le Moal, j’ai été bouleversée par son histoire. J’ai donc souhaité rencontrer les producteurs du film au plus vite. Ce sont eux qui m’ont embarquée dans cette aventure. Ils étaient persuadés que c’était moi qui devais incarner le personnage de Malika, et pas quelqu’un d’autre. J’avais beau leur dire que je n’étais pas une actrice, ils me voulaient et croyaient en moi. C’était très flatteur. Après avoir donné mon accord, il a fallu que je passe des essais. Après ça, j’ai travaillé comme une folle pendant des mois avec une coach. J’ai même intégré un atelier d’acteurs. Il a aussi fallu que je travaille mon chant. Même si ce n’est pas moi qui chante, c’est très difficile de faire du play-back sur du lyrique. Il fallait que j’adopte une posture très droite et rigide. Un vrai défi.

Comment vous sentiez-vous au moment de tourner vos premières scènes ?

J’avais des coliques ! (Rires.) Je n’ai jamais été aussi terrifiée de ma vie. Il a fallu qu’on me ramène une bouillotte. Chronologiquement, la première scène que je joue n’est pas la première du film. Je suis au chevet de ma sœur, qui vient de faire une tentative de suicide. J’ai directement commencé dans le mal, c’était très spécial. Et puis, au bout d’une semaine de tournage, j’ai commencé à me prendre au jeu. J’avais hâte d’être au lendemain pour tourner de nouvelles scènes. Je voulais être la plus juste possible dans mon interprétation.

Votre père est algérien et votre mère est algéro-marocaine. Peut-on dire que le personnage de Malika vous ressemble ?

Il y a des similitudes, oui. Sa combativité et son esprit rebelle me parlent beaucoup. En revanche, nous n’avons pas du tout le même parcours de vie. Je n’ai pas mené le même combat qu’elle à cause de mes origines. Malika vient de la génération de ma maman, nous n’avons pas grandi dans le même contexte. Je n’ai jamais eu l’impression d’être différente. Quand j’ai débuté ma carrière, il y avait déjà un côté très cosmopolite sur la scène musicale française. Malika est la première femme arabe à avoir chanté « Carmen ». J’ai beaucoup discuté avec elle pour comprendre son état d’esprit et ses douleurs.

Avez-vous souffert du regard des autres pendant votre jeunesse ?

Oui, mais pour d’autres raisons. Moi qui viens de la Courneuve, en banlieue parisienne, je n’ai pas du tout subi le racisme. En revanche, mes rondeurs et mon poids ont abîmé mon insouciance de gamine. La barrière sociale était aussi difficile à gérer. Quand on rêve de devenir artiste et qu’on n’a pas un sou pour prendre le métro et aller passer des castings, c’est difficile à encaisser. Et puis, à l’époque, mis à part les télé-crochets, il n’y avait pas d’issue. Je rêvais de devenir chanteuse, mais je n’avais aucun contact. Aujourd’hui, j’ai la chance d’avoir construit une carrière et je veux la faire durer le plus longtemps possible.

Vous êtes en pleine préparation de votre septième album. Vous envahissez d’ailleurs les ondes avec « Jusqu’au bout », en duo avec Imen ES, et « 1,2,3 », en duo avec Hatik. Pourquoi vous êtes-vous entourée de la nouvelle génération ?

J’ai voulu collaborer avec des personnes que j’aime et avec qui je me sens bien. J’ai surtout suivi mon cœur. Si Imen ES avait dix ans de plus que moi, j’aurais quand même partagé un duo avec elle. Avec moi, rien n’est calculé. Je n’ai jamais été aussi heureuse en studio. Ce sont des mélodies et des textes sur mesure. Quand j’enregistre une nouvelle chanson, je veux toujours épater mon équipe. Je donne vraiment mes tripes. Tant que le disque n’est pas terminé, aucune date de sortie ne sera annoncée. Je ne veux pas reproduire les mêmes erreurs qu’avant. Je suis une artiste libre.

Depuis plusieurs mois, vous affichez une silhouette plus fine que jamais. Quel est votre secret ?

Je fais attention à mon alimentation. Quand je suis plus ronde, c’est parce que je déconne avec la nourriture, il n’y a pas d’autres raisons. Je ne suis pas malade et je n’ai pas de problèmes hormonaux particuliers. Je n’ai pas fait de régime draconien, j’ai toujours fait le yoyo avec mon poids. Mon amincissement est sans aucun doute lié à ma maternité et ma vie amoureuse. Mes filles et mon mari remplissent ma vie de bonheur. Je n’éprouve plus le besoin de me remplir le ventre jusqu’à en avoir des crampes. Chose que je faisais avant, et pendant longtemps. Je n’ai plus de manque à combler. J’ai perdu du poids, oui, mais je ne suis pas obsédée par mon physique. Je n’ai pas un corps de rêve et je ne m’afficherai jamais en maillot de bain.

Vos deux filles, Sofia et Hana, réalisent-elles à quel point leur maman est une chanteuse populaire ?

Non, pas vraiment, elles n’ont que 4 et 3 ans. À la maison, nous avons un rétroprojecteur, mais pas de télévision. Il n’y a aucun CD qui traîne, mis à part quelques vinyles d’époque que mon papa m’a offerts pour mes 35 ans. Mes filles ont donc un accès ultra-limité à la musique et l’audiovisuel. En revanche, elles savent que je suis chanteuse. Il était important pour moi de désacraliser mon statut d’artiste. Pour elles, c’est un métier comme un autre, tout comme celui de leur père, qui est coach sportif. Ma grande est très éveillée et intelligente pour son âge. Elle me pose énormément de questions, notamment sur les personnes vivant dans la rue. Je veux inculquer les vraies valeurs de la vie à mes filles. Si elles veulent devenir chanteuses à leur tour, je les accompagnerai du mieux que je pourrai, tout en les protégeant.

« LES SANDALES BLANCHES », ce lundi 25 janvier, 21h05 France 2

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